mardi 22 avril 2014

Sergueï et Irina Boulganov: toute la splendeur de la Grande Russie à Paris

On ne remerciera jamais assez la Sainte Russie, précieux allié contre le militarisme prussien fauteur de guerre. L'année sera russe c'est certain, les rentiers et les petits épargnants se précipitent sur les emprunts lancé par le tsar pour soutenir le développement de son empire, les ballets du Bolchoï entament une tournée triomphale à travers le pays et deux personnalités flamboyantes arrivées il y a quelques années de la cour impériale de Saint Petersbourg sont devenus les coqueluches du tout-Paris mondain. Il s'agit bien entendu de la somptueuse comtesse Irina Petrovna Boulganov  et de son frère le charismatique moine Sergueï Petrovitch.



La comtesse Irina héritière d'un don mediumnique familial est devenue en peu de temps la spirite la plus en vue de Paris. On ne compte plus les personnalités qui viennent lui demander conseil ou qui la querissent pour rentrer en contact avec leurs défunts trop tôt disparus. Ainsi le professeur Théophraste Pastourel, éminent savant devenu depuis la mort de sa femme très sensible à ces questions participe assidûment, dit-on, aux séances de spiritisme que la comtesse pratique, toujours bénévolement tient-elle à le préciser, dans ses appartements de la place Vendôme où après avoir dialogué avec les esprits elle se ressource au milieu des tableaux et des meubles précieux, gages de l'indéfectible reconnaissance de ceux qui fréquentent sa table tournante.

Elle peut aussi compter sur l'aura mystique de son frère, le moine Sergueï, qui garde sous son air sévère et sa profonde piété les secrets de la sagesse des moines de la Grande Russie. N'est il pas le propre disciple préféré du fameux Raspoutine qui conseille la famille impériale. Quand on l'interroge sur la rumeur voulant que les plus éminents personnages de la République viendraient le consulter avant de prendre des décisions importantes, le saint homme se contente de baisser les yeux modestement et de rappeler qu'il ne fait qu'essayer de trouver son chemin par l'ascèse vers le Créateur.



Nous ne pouvons que nous incliner respectueusement devant une telle grandeur d'âme qu'il met régulièrement à l'épreuve en se retirant méditer dans le petit château XVIIIème qu'il vient d’acquérir avec sa sœur en vallée de Chevreuse.

L'amateur de soirées en vue ne pourra donc manquer d'y croiser les Boulganov. Leur présence à la réception que doit donner le professeur Pastourel en mai est dit-on assurée. Ce serait d'ailleurs tellement dommage de se priver de personnages aussi remarquables.

Abel Molinot

vendredi 18 avril 2014

La baronne Gabrielle de Saint-Fargeau, incarnation du savoir-vivre à la française

On ne peut évoquer l'esprit du grand Monde parisien sans citer celle qui depuis quelques années est devenue l'arbitre de toutes les élégances, la gardienne du bon goût et des gentes manières. Mme la baronne Gabrielle de Saint-Fargeau



Tout ceux qui fréquentent les meilleures soirées de la capitale connaissent la Baronne, épouse d'un aristocrate ayant fait fortune dans les colonies et devenue bien trop tôt veuve. Depuis la fin de son veuvage et son retour dans la capitale, elle est devenue une figure incontournable du Monde. Ses toilettes raffinées, son exquise conversation, son sens inné du maintien en ont fait la gardienne des usages de la bonne société. Son salon dans son hôtel particulier du faubourg Saint-Honoré est un endroit où il faut être vu. Elle y reçoit  la crème du monde littéraire, financier et même politique. Toujours charmante et pleine d'esprit mais très à cheval sur les convenances et la bienséance, Mme la baronne est un véritable modèle pour toutes les jeunes filles bien nées. Les grandes familles la consultent fréquemment pour organiser dans les règles fiançailles et bals des débutantes.  On murmure aussi que c'est l'un des plus beau parti de Paris. Mais fidèle à la mémoire de son défunt époux, elle a toujours repoussé avec douceur les éventuels prétendants.



La baronne a toujours mis un point d'honneur à dispenser au plus grand nombre son extraordinaire sens du maintien et de l'élégance. L'art de recevoir ? Comment rédiger sa carte de visite, puis la déposer ?  De quelle couleur choisir ses gants pour se rendre en promenade ? Conçu pour éviter la fâcheuse méprise, le faux pas inconvenant, les "Usages du monde de la baronne de Saint-Fargeau", manuel de savoir-vivre paru en 1912, constituent le bréviaire par excellence de la politesse française. Le lecteur y trouvera autant un document essentiel sur la vie mondaine, ses codes stricts et ses règles de bon sens, qu'un rappel utile de quelques politesses, apparemment surannées aux yeux d'une jeunesse trop pressée, mais pourtant toujours bonnes à entendre et à pratiquer, en ces temps de relâchement moral.




Nous avons appris il y a peu que la Baronne a été mandée par le professeur Pastourel pour régler la bonne tenue de la soirée qu'il compte organiser en mai prochain en Isère. Il est certain que l'art de recevoir de Mme de Saint-Farjeau sera le gage d'une soirée des plus réussie.

Abel Molinot

vendredi 11 avril 2014

Anselme Bonnefoy, le chasseur de spirite.




Nos lecteurs connaissent bien le célèbre Anselme Bonnefoy, rationaliste convaincu et figure du tout-Paris mondain. Celui que l'on surnomme "le chasseur de spirites" s'est fait une spécialité de dénoncer ceux qu'il décrit lui même comme "les charlatans et autres voyants de pacotille qui exploitent la crédulité de nos contemporains".

Plume acérée, brillant causeur, volontiers caustique, Mr Bonnefoy s'est rendu illustre en devenant le président de "l'Association Rationaliste de France", un cercle d'esprits forts qui s'est donné pour but de promouvoir la science et de "dénoncer l'imposture des tenants de l'irrationnel". Pour ce faire, il a lancé il y a cinq ans un défi à tous les amateurs de paranormal et d'arts spirites :

"J'ai réuni avec mes amis de l'Association Rationaliste de France la somme d'un million de francs or, déposé devant huissier de justice au Crédit Parisien. Cette somme reviendra à toute personne qui pourra me démontrer irréfutablement un quelconque pouvoir psychique, surnaturel ou paranormal sous condition d’observation satisfaisante."

Depuis les candidats pour remporter le million n'ont pas manqué, mais aucun n'a pu apporter la preuve irréfutable demandée, le redoutable Anselme Bonnefoy s'étant fait une spécialité de débusquer avec force sarcasmes les impostures et les trucages de ces spécialistes du surnaturel.

On se souvient notamment des spectaculaires séances de télékinésie de Philibert Charbonneau, auxquelles  Mr Bonnefoy assista non sans un scepticisme évident comme nous le voyons sur cette photographie prise pour l'occasion.



On se rappelle aussi comment il ridiculisa le pauvre Charbonneau lorsqu'il révéla que ses fameuses "tables volantes" étaient en fait actionnées par un ingénieux système de fils très fins reliés à des tringles au plafond. 

On ne peut non plus oublier l'affaire de "la sirène de Fidji", attraction sensationnelle du célèbre cirque américain de Phineas T. Barnum, en tournée en Europe.



Ce corps étrange était présenté comme celui d'une authentique femme poisson, pareille à celles qui tentérent d'ensorceller Ulysse. Mr Bonnefoy prouva qu'il s'agissait en fait d'un montage réalisé à partir d'un singe et d'un poisson joints par une habile taxidermie.

En somme, 5 ans après avoir été lancé, le défi tient toujours et demeure l'objet de bien des convoitises. Mais gageons qu'il ne sera pas facile de convaincre le toujours résolument sceptique Anselme Bonnefoy de la véracité de ses dons paranormaux...

Abel Molinot

mardi 8 avril 2014

Quelques inspirations

Suite à une question de Kapik, une page inspirations à été rajoutée sur le blog, découvrez des livres, des films, des BDs, des séries pour vous mettre dans l'ambiance.

Si vous avez des conseils de lecture/visionnage à nous soumettre n'hésitez pas dans les commentaires!

samedi 5 avril 2014

Felix Danterville, le roi des excentriques parisiens.


"Je n'ai que deux ennemis dans la vie: l'ennui et la médiocrité de mes contemporains." Voilà qui résume sans détour la philosophie du plus mondain des grands excentriques de la capitale, Felix Danterville. Unique héritier des filatures du Nord qui portent son nom, Mr Danterville a mis l'immense fortune amassée par trois générations de prudents maîtres tisserands au service de son goût affirmé pour l''étrange, la fantaisie et le déraisonnable, devenant rapidement l'une des figures les plus en vogue du tout Paris.



Les fêtes qu'il donne chez Maxim's, au Fouquet's ou dans son hôtel particulier du boulevard Haussmann et où le champagne coule à flot, sont les lieux de rendez-vous de tout ce que la ville-lumière compte de gens en vue, d'artistes d'avant garde, de grandes mondaines et, ne le cachons pas, de tout une foule de joyeux noceurs dont les fins de soirées tapageuses défrayent régulièrement la chronique.

Et en matière de coups d'éclats, ce colosse aux allures de dandy n'est pas le dernier à donner libre cours à son goût de la dérision et à son imagination sans limite. Il n'a jamais hésité à investir de fortes sommes pour soutenir artistes controversés et personnages sulfureux. Qu'on se souvienne de la création au côté du peintre Roland Dorgeles de son  journal artistique "Manifeste de l'excessivisme" dont le slogan était "Trop n'est pas assez !" ou encore du canular du tableau "Le soleil se couche sur l'Adriatique"





En présence d'un huissier de justice, Danterville fit réaliser un tableau par un âne à la queue duquel on a attacha un pinceau. Chaque fois que l'on donnait à l'âne une carotte, celui-ci remuait frénétiquement la queue, appliquant ainsi de la peinture sur la toile. Attribué à un mystérieux J.R. Boronali (anagramme d'Aliboron, l'âne de Buridan) le tableau fut présenté au salon des indépendants et mystifia la critique admirative devant tant de génie créatif.

De même déguisé avec quelques amis en "Prince d'Abyssinie" il réussit à se faire recevoir en grande pompe par le Président de la République lui même, garde républicaine en tête, pour se livrer à quelques cérémonies rituelles fantaisistes dignes du Grand Turc de Molière devant une assistance médusée.

Aussi versatile que généreux quand le projet le fascine, on l'a vu financer l'aviateur Louis Blériot lors de son héroïque traversée de la Manche en aéroplane ou les expéditions de Charcot en Antarctique. Sportsman, pilote émérite, il a goûté plus d'une fois aux sensations fortes lors de courses automobiles comme le Rallye de Monte Carlo ou en gravissant plusieurs sommets himalayens. 




Il revient sur le devant de la vie parisienne après une longue absence consacrée rien moins qu'à un tour du monde. Sa nouvelle marotte semble t-il est désormais l'occultisme et le spiritisme et on murmure qu'il a déjà investi ses derniers mois de fortes sommes auprès de tout un tas d'experts en arts parapsychologiques pour, dit-il lui-même, trouver un sens un peu pimenté à une existence décidément toujours trop morne. C'est sans surprise que sa présence a été annoncée lors de la fameuse soirée annoncée par le professeur Pastourel en mai prochain.

Abel Molinot

jeudi 27 mars 2014

Leontine Puycassé, écrivain de l’au-delà



Nouvellement arrivée dans la Capitale, Mademoiselle Léontine Puycassé commence à faire parler d’elle chez les amateurs de surnaturel. Les visiteurs qui participent aux séances de spiritisme qu’elle organise dans son modeste meublé de la rue de la Contrescarpe en ressortent souvent troublés. Derrière son apparence  de jeune fille rangée, elle stupéfait ses interlocuteurs par ses puissants dons de médium et ses visions tout aussi fulgurantes que surprenantes.


Lorsqu’elle se met en transe médiumnique, Mademoiselle Puycassé reçoit des visions fugaces mais fort frappantes. Votre serviteur, qui a lui-même été témoin de ses dons de double vue lors d’une de ses séances de spiritisme, doit à l’honnêteté d’avouer son trouble devant les talents de cette jeune femme.

Pour canaliser ce don, si mademoiselle Puycassé peut utiliser le ouija ou les tables tournantes, elle a fréquemment recours à l’écriture automatique, une méthode qui consiste à se mettre en transe médiumnique et laisser les esprits guider sa main comme cette illustration du siècle dernier le présente.



« Je ne peux m’expliquer ce don, confie modestement Mademoiselle Léontine, ma famille a toujours été marquée par ce pouvoir. Lors de mes séances, je sombre dans une douce inconscience où je me sens investie par les esprits des âmes défuntes. Je ne suis plus dès lors que le véhicule de leurs propos et ceux-ci couchent sur le papier les messages qu’ils désirent nous confier. Je n’ai le plus souvent nul souvenir de ce qui s’est passé pendant ces transes et seuls les mots tracés sur la page me permettent de savoir avec qui j’ai été en contact. Il m’arrive même souvent d’écrire des choses dans des langues que je ne parle pas. »

Plusieurs écrits que Mademoiselle Puycassé a produit sont attribués à des esprits parfois anciens, pour qui le temps et la distance ne sont rien. D’après elle, elle aurait non seulement pu rentrer en contact avec des défunts récents mais aussi à des esprits plus exotiques dont un grand prêtre assyrien ou une courtisane anglaise de XVIIIème siècle et même prétend-elle au grand Victor Hugo lui-même. C’est en tout cas ce que disent les témoins de ces transes et ceux qui interprètent les lignes laissées par les esprits car la plupart du temps, la spirite ne garde de ces possessions aucun autre souvenir que ces textes étranges...


Abel Molinot

mercredi 19 mars 2014

Maîtresse Opaline, grande prêtresse de la fraternité d’Eulis

N’écoutant que son courage et sa proverbiale curiosité, Abel Molinot, votre humble serviteur du Petit Journal, s’est toujours aventuré dans les cénacles les plus intrigants des arts occultes qui fleurissent en la ville-lumière.


Et en la matière, le Cercle Tantrique de la Fraternité d’Eulis est sans nul doute l’un de ceux qui excite le plus les imaginations. En effet les adeptes de cet ordre très fermé pratiquent des cérémonies étranges inspirées par ce qu’ils appellent eux-mêmes « la magia sexualis » telle qu’elle a été théorisée au siècle dernier par le medium et hypnotiseur américain Paschal Beverly Randolph.

Au centre de cette étrange et sensuelle assemblée, on retrouve la longue silhouette de celle que ses disciples appellent respectueusement Maîtresse Opaline. Détentrice de savoirs remontant d’après la Fraternité aux sages de la plus haute antiquité indienne, elle préside aux rites de ce petit groupe dans une atmosphère qui mêle tout à la fois grande solennité et abandon charnel.  Evidemment, le profane pourrait être tenté de n’y voir qu’un simple salon libertin sous couvert d’ésotérisme, mais la charismatique grande prêtresse d’Eulis voit elle, dans son cercle tantrique, le réceptacle d’un savoir mystique qui transcende le simple cadre mortel.



« Il n’est de pouvoir plus fort que celui de la puissance charnelle. Mais qu’on ne s’y méprenne pas et ceux qui s’imaginent que nos séances ne sont que des bacchanales orgiaques sont bien loin de la réalité. Par la méditation orgasmique et l’art millénaire du contrôle tantrique de l’énergie sensuelle, nous sommes capables d’atteindre des niveaux de conscience du monde au-delà du commun. L’amour est la force la plus puissante de l’univers et celui qui sait canaliser son énergie à accès à un éveil spirituel sans égal. Eros et Thanatos ne sont-ils pas intimement liés comme les plus passionnées des amants ? »

Sulfureux personnage pour la plupart des gens, Maîtresse Opaline dispense pour ses adeptes une aura de sagesse et de mysticisme qui en font une personnalité fascinante. On prétend qu’elle sera présente lors de la soirée donnée par le professeur Pastourel en mai prochain. Voilà qui ne manquera pas de rajouter du piquant à ce qui s’annonce d’ores et déjà comme le clou de la saison mondaine !

Abel Molinot